Le Piyyout

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Le « piyyût »

L’introduction, à partir du VIe siècle, de la poésie religieuse dite piyyutîm  est certainement un fait déterminant dans l’évolution de la musique synagogale. Il semble que cette poésie, conçue suivant des principes prosodiques évolués, ne fut pas un simple ornement de la prière de base mais une aspiration de rénovation. Depuis lors, cet état d’esprit est demeuré en permanence et la puissance créatrice dans ce domaine est un phénomène valable jusqu’à nos jours, avant tout dans les communautés non européennes. La création des piyyutîm est assimilée, surtout dans les documents de la Genizah  du Caire, avec la hizânah  (art du chantre), autre notion importante qui voit le jour à peu près à la même époque. En effet, l’exécution du piyyût à ses débuts était destinée au chantre (hazzân ) et non pas aux fidèles. On peut par conséquent saisir toute la portée musicale de ce genre nouveau. Parallèlement à la cantillation simple de la prière de base en prose, on introduit dorénavant des chants qui laissent au chantre une marge d’improvisation. Cela conduit à des mélodies qui seront empruntées aux musiques indigènes. En Orient et en Occident se répand l’usage d’indiquer, au-dessus du piyyût, la mélodie d’un autre piyyût connu, ou d’une toute autre mélodie, qu’il convient d’adopter pour celui-ci, et même parfois le maqâm  (mode mélodique). Ce genre se diversifie et s’étend au chant paraliturgique (circoncision, mariage, lamentation funéraire, etc.). Après sa première période palestinienne, le piyyût fleurit de façon remarquable, au contact de la poésie du monde musulman surtout, pendant l’âge d’or de la poésie hébraïque en Espagne. Il atteint le troisième sommet de son évolution dans le milieu cabalistique à Safed au XVIe siècle. Les hymnes mystiques en hébreu et en araméen des auteurs appartenant à ce cercle se propagent à travers toutes les communautés juives de la Diaspora. Plusieurs hymnes sabbatiques viennent de ce milieu, ainsi que l’idée de la réception chantée du sabbat  telle une reine. C’est grâce à cette idée, conférant à la musique et à la prière, surtout la nuit, un pouvoir contre les forces du mal et une exaltation mystique, que se constitue un genre nouveau des supplications (baqqasôt ) où la musique joua un rôle prépondérant. Les baqqasôt sont célébrés avant l’aube durant les sabbat d’hiver. C’est là probablement que naquit la confrérie des « Guetteurs du matin » qui se propagea à travers différents pays .

Ainsi à chaque Parasha  correspond une Nouba, et les 20 shabbatot d’hiver sont subdivisés comme suit :

N°1   RAML EL MAYA      Berechit, Lekh Lekha  Toldoth,  Vayetsé.

N°2   ISBIHAN               Noah

N°3   MAYA                   Vayechev                   

N°4   RASD AD DIL         Vayhi              

N°5   ISTIHLAL               Chemoth

N°6   RASD                    Hayyé Sarah, Tetsavé

N°7   GHRIBAT LHCIN      Ythro

N°8   HGAZ L’KBIR           Vayyichlah, Miqets, Vayggach, Bo, Michpatim

N°9   HGAZ MCHRQUI      Yayyera, Bechallah

N°10   ARQ EL AJM           Terouma

N°11   AL USSCHAQ          Va’era

 

Les textes des baqqasôt sont composés par des poètes du siècle dernier ou du début du 20e siècle, Rabbi David Ben Hassin, Rabbi David Bouzaglo, Rabbi David Elkaim, Rabbi David Yflah, Rabbi Hayyim Attar …

 

Les manuscrits ont été rassemblés dans un ouvrage, qui devient la référence des baqqasôt ; « CHIR YEDIDOTH. » . Les textes y sont classés avec leur correspondance Andalouse nouba par nouba. Ces textes rappellent sous forme poétique les principaux passages de la paracha et leurs commentaires, ce qui leur confère un potentiel de mémorisation considérable.

 

David le psalmiste dit : Au milieu de la nuit, je m’éveille pour te chanter des louanges. Le Zohar dans parachat TEROUMA dit qu’une langue qui a autant chanté des louanges ne peut mordre la poussière, donc David ne pouvait pas mourir. Seule la faute avec Betsabée pouvait le rendre Mortel . Les juifs d’Afrique du Nord ont perpétué cette tradition et chantent les baqqasôt  tous les vendredis soirs jusqu’au petit mâtin, et les « Hevras » (confréries) rivalisaient de voix mélodieuses et d’arguments festifs.