Musique d'Exil

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Après la destruction du temple le peuple juif fut déporté à Babel (Bagdad) avec pour seul bagage sa culture talmudique et liturgique. Cette culture a très certainement influencé les populations  voisines à une période où, après  l’établissement de la dynastie ‘abbasside en 750 et le déplacement du centre de califat de Damas à Bagdad, commence l’âge d’or de la musique savante. La musique devient une manière obligatoire dans l’instruction de tout homme cultivé, et les cours rivalisent entre elles dans le brio de leurs concerts. De nombreux traités sont traduits du grec et du syriaque et, à côté d’eux, se multiplient les écrits théoriques en arabe. Une foule de musiciens distingués contribue au raffinement de l’art en symbolisant l’idéal du musicien parfait dont on exige dorénavant une faculté créatrice, de la virtuosité et des connaissances encyclopédiques. Ces circonstances favorables ont stimulé les recherches d’ordre esthétique aboutissant à la création d’un style moderniste qui se caractérise par la sensualité, l’éclat brillant, l’effet riche et voluptueux et la variété à l’infini. Cet art plutôt décoratif fait éclater la querelle entre les « Anciens », partisans de l’art classique, avec sa simplicité et sa sobriété, et les « Modernes ». Parmi les défenseurs du rigorisme classique se trouvent Ibrahim al-Mawsili (m. 804) et son fils Ishaq (m. 850). Leurs antagonistes sont Ibn Gami‘ (m. env. 825) et le prince Ibn al-Mahdi (m. 839). Ishaq al-Mawsili était le plus grand musicien de son époque, il est censé avoir écrit plusieurs livres sur la musique et on lui attribue la théorie des asabi   (doigts), qui est la première théorie modale connue en arabe.

Il sera le principal representant de l’école des Udistes , école considérant le Luth comme l’unique instrument de base de la connaissance théorique et pratique de la musique.

L’oncle d’Itshaq, le célèbre luthiste Zalzal (m. 791), fixa la tierce neutre et d’autres théoriciens ont    codifié les modes rythmiques dont le nombre est, à cette époque, entre six et huit.

C’est donc une musique vieille de plus de 1300 ans , et selon nos Sages , ce chant est dérivé des cantiques des Leviim du temps du temple de Salomon. Mais aucun fondement ne vient étayer cette affirmation. Néanmoins on peut apporter certains arguments objectifs en faveur de cette thèse:

            - Son origine temporelle remonte à la même époque

            - Son origine géographique : Bagdad (Babylone) où furent exilés les juifs à la destruction du temple

            - Chant unique dont le cheminement est celui de la galout (Exil) Séfarade (Babylone, Andalousie, Afrique du Nord)

            - selon les musicologues avertis , les compositeurs ne pouvaient être que des hommes de science ,  que  pouvaient être  les sages d’Israël qui ont perpétué les chants de David et des Leviim.

             Bien entendu, les musulmans ont une autre version : l’art est strictement musulman, inspiré des écoles de Médine et de la Mecque, dans des contrées où l’art prédomine sur la politique , et les Califes musiciens ne défendaient qu’une musique authentiquement Arabe

          Revenons au Calife Yisthaq ben Abraham 1er al Mawcili. Un de ses élèves fut Ziryab (Abou al Hassan Ali Ibn Nafi). Ce dernier, chassé de la Cour s’embarqua vers Kerouan puis vers Algesiras et enfin à Cordoue (822) Les rescapés des Omayyades qui s’établissent à Cordoue, et plus tard les Almoravides, les Ahmohades et les roitelets aident à l’élaboration de la branche musicale de l’Occident et du Maghreb. La figure la plus importante de cette école est donc Ziryab qui, poussé par la jalousie de son maître Ishaq al-Mawsili, se voit obligé de quitter Bagdad. Ziryab, nommé chef musicien à la cour de Cordoue, devient aussi un expert dans la théorie des modes. Il perfectionne le ‘ud en rajoutant une cinquième corde, il introduit de nouvelles méthodes dans l’éducation musicale et de nouvelles formes. La musique s’enrichit et se diversifie par l’introduction de la poésie strophique pour aboutir à la création de la nouba  (une sorte de suite large avec accompagnement instrumental). La musique andalouse a été perpétuée en grande partie dans les divers centres musicaux d’Afrique du Nord, après la chute de Grenade (1492).